Mistral. Les Russes envisageraient des sanctions contre des entreprises françaises

07/03/2015 – 17h00 Saint-Nazaire (Breizh-info.com) – Les propos de François Hollande au sujet des BPC Mistral ont provoqué une explosion de colère chez certains dirigeants russes, qui jusqu’alors ont été plus que patients avec la France. La présidence a rappelé courant février sur les réseaux sociaux que « les conditions n’étaient toujours pas réunies » pour la transmission du premier Mistral (le BPC Vladivostok) aux Russes… alors que le navire aurait du changer de pavillon mi-octobre 2014.

Le ministre russe des Télécommunications Nikolaï Nikiforov a pris sa plus belle plume pour écrire début mars au vice-premier ministre Dimitri Rogozine une lettre dans laquelle il propose de sanctionner durement la France en rompant plusieurs contrats qui ont trait aux télécommunications et au secteur aérospatial.

Dans le détail, il propose d’ordonner à la corporation nationale « Космическая связь » (Communication Spatiale) de rompre le contrat qui la lie avec l’opérateur de télécommunications spatiales Eutelsat, dont le siège est à Paris, et qui permet à celui-ci de disposer de fréquences sur les satellites russes Express AM6, Express AMU1 et Express AMU22, ainsi que les satellites Express AT1 et Express AT2 mis sur orbite en mars 2014. Par ailleurs il a aussi proposé de stopper l’achat prévu du satellite Express-AMU2 à EADS-Astrium, consortium européen dont le siège se trouve aussi à Paris.

La perte des fréquences sur les satellites russes devrait coûter 658.9 millions d’euros à Eutelsat et le refus d’acheter le satellite Express AMU-2 à EADS le privera d’un marché estimé à 70 millions d’euros. La missive de Nikiforov n’a pas été commentée officiellement par Eutelsat et EADS-Astrium. La corporation Communication Spatiale a déclaré qu’elle n’envisageait pas pour l’instant une telle possibilité. Par ailleurs le directeur de la compagnie nationale Roskosmos Igor Komarov a écrit une letre à Rogozine pour s’opposer à l’initiative de Nikiforov, notamment parce qu’il craint que la Russie ne soit obligée de payer d’importantes compensations.

En revanche, l’idée même de sanctions contre les entreprises françaises commence à prendre de l’importance dans les cercles dirigeants russes, et ce même si des coopérations stratégiques franco-russes ont survécu à la crise diplomatique et à l’affaire des Mistral, notamment dans le domaine des transports en commun et des investissements dans l’agro-industrie.

Par exemple, les compagnies françaises pourraient voir leur échapper les grands projets d’infrastructures (c’est déjà le cas pour le TGV Moscou-Kazan qui devrait être finalement construit par les chinois) ou encore la possibilité de rechercher et d’exploiter des gisements d’hydrocarbures et de minerais particulièrement prometteurs.

Au-delà des structures étatiques ou para-étatiques, la confiance en la France est aussi très fragilisée au sein des entreprises. Ainsi Andreï Ionin, membre de l’Académie Russe de l’Espace, estime pour Radio Vesti que « la France s’est punie elle-même (…)désormais, chaque donneur d’ordre important en Russie comprend, en passant commande auprès d’entreprises françaises quelle est l’importance des risques qu’il prend. Et qu’il peut se retrouver à n’importe quel moment aux prises avec un imbroglio juridique causé par la volonté de temporisation de ses partenaires« .

Alors que le second BPC (Sébastopol) est terminé et que ses essais ont commencé, DCNS continue de payer pour les atermoiements de Hollande : l’entretien et la surveillance des BPC Mistral coûte 5 millions d’euros par mois, tandis que les navires occupent de la place dans le port et entravent la poursuite des autres navires en chantier. Il se pourrait que la France ait à payer beaucoup plus : en novembre, des informations diffusées sur la chaîne russe Vesti ont esquissé la possibilité pour la Russie  de demander, via les instances internationales d’arbitrage, le remboursement du coût du contrat (1.2 milliards d’euros) ainsi que 800 millions d’euros supplémentaires par navire, comme indemnité de rupture abusive. Par ailleurs l’affaire des Mistral ne plaide pas en faveur de la sécurité des contrats passés avec la France, avec les conséquences que cela pourrait entraîner dans l’avenir pour d’autres contrats d’armement.

Source : Breizh Info

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One comment

  1. De l’art, pour les bobos du PS au pouvoir, de se tirer une balle dans le pied …

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