Quand la Commission européenne s’oppose à l’indépendance des régions

11/10/2014 – 18h00 Bruxelles (Lengadoc-info.com) – La dernière livraison de la revue Conflits contient une étude concernant un événement important qui n’a pas fait l’objet de commentaires : le changement radical d’attitude de la Commission européenne à l’égard des mouvements régionalistes.

Au cours des mois et des semaines qui ont précédé le référendum concernant l’éventuelle indépendance de l’Ecosse, la Commission a clairement mis en garde les Ecossais contre les conséquences d’un vote favorable à l’indépendance. Barroso a affirmé très nettement et à plusieurs reprises que l’adhésion d’une Ecosse indépendante à l’Union européenne serait très difficile voire impossible du fait de la règle incontournable de l’unanimité. De fait, Barroso a abondé dans le sens de David Cameron. Son attitude à l’égard de la Catalogne a été de la même eau.

L’auteur de l’étude, Hadrien Desuin, nous donne la clef de ce changement important dans les orientations politiques de l’Union européenne.

Depuis les débuts de la construction européenne, au cours des années cinquante, les Etats historiques ont été considérés par ses promoteurs comme des obstacles, des pôles de résistance, qu’il fallait contourner. Une des solutions mises en oeuvre pour y parvenir consistait à promouvoir les régions et les euro-régions situées à cheval sur les frontières héritées de l’histoire.

La FUEV, organisation créée à l’origine par les réfugiés allemands d’Europe centrale, qui a pour objectif de fédérer les mouvements régionalistes et de défendre leur cause fédéraliste auprès du Conseil de l’Europe, a été un agent d’influence important dès les années cinquante. Plus récemment, la Commission s’est dotée d’un Comité des régions n’ayant qu’un rôle consultatif mais qui a été très influent. Au Parlement européen, beaucoup de mouvements régionalistes se sont associés aux Verts au sein d’un même groupe très écouté par la Commission. Ces différentes organisations ont œuvré efficacement à la promotion du fédéralisme euro-régionaliste mais il se pourrait bien que les choses soient en train de changer.

La Commission constate les difficultés que génère le trop grand nombre d’ Etats membres de l’UE. l’accroissement de ce nombre tend à bloquer le fonctionnement de l’union. Valéry Giscard d’Estaing lui-même nous invite à créer une structure limitée à douze Etats. Le démantèlement des Etats ne ferait qu’ajouter des difficultés aux difficultés existantes et ce d’autant plus que les régions sécessionnistes sont pour l’essentiel des régions riches qui ne veulent plus partager leurs richesses avec les régions moins bien pourvues avec lesquelles elles cohabitent. L’Ecosse, la Catalogne, la Padanie et la Flandre sont des régions riches qui correspondent à ce schéma. Ce n’est pas le cas de la Bretagne, par exemple, ce qui explique sans doute en partie la faiblesse de la dynamique régionaliste.

Par ailleurs, le régionalisme a toujours une dimension ethnique – même lorsque, comme cela est le cas en Ecosse, cette dimension est refoulée dans le non-dit – qui rebute très franchement la nouvelle génération de dirigeants européens qui sont des libéraux-libertaires totalement étrangers à toute forme d’enracinement. Il semble bien que, pour l’oligarchie bruxelloise, les mouvements régionalistes sont, désormais, aussi peu fréquentables que les partis dits »populistes ».

Ces deux raisons expliquent sans doute le retournement de la position de l’UE à l’égard des mouvements régionalistes, lesquels s’inscrivaient, jusqu’à présent, dans le cadre de la construction européenne. C’est un allié essentiel qu’ils viennent de perdre.

Bruno Guillard

Source : Breizh-Info

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