Boxtrolls, Laika bouscule les codes du film pour enfants

23/10/2014 – 19h00 Montpellier (Lengadoc-info.com) – Dans les sorties ciné du mois d’octobre figure le très attendu Boxtrolls, troisième long métrage de la société indépendante Laika, un géant du film d’animation qui parvient à se frayer un chemin et à se démarquer au milieu des mastodontes que sont Pixar et Disney. Encore une fois, ce studio de Portland choisit de nous plonger dans le monde de l’étrange et tente de nouveau le pari risqué de réaliser un film pour enfants avec les mêmes ingrédients qu’un film d’horreur : après avoir revisité le film d’épouvante façon Amitiville avec Coraline en 2009, le film de zombies avec l’excellent Paranorman en 2012, c’est l’univers du conte fantastique qui est cette fois-ci revu et corrigé par Laika.

Nous faisons donc la connaissance des boxtrolls, petits gnomes qui peuplent les égouts de la ville de Cheesebridge. Ces gentils trolls sortent dans les rues à la tombée de la nuit et terrifient la population à leur insu. Les Boxtrolls, aidés de Oeuf, jeune orphelin qu’ils ont adopté, lutteront contre le terrible Archibald Trappenard qui désire exterminer les petites créatures. Au cours de leurs péripéties, les Boxtrolls et Oeuf pourront compter sur la précieuse aide de la jeune Winnifred, petite fille de la haute bourgeoisie de la ville qui se révélera fort dégourdie.

Une fois de plus, nous admirons chez Laika la volonté de jouer avec notre imaginaire, voire même nos peurs, dans le but de créer un film pour jeune public. Tandis que les productions pour enfants ont tendance à être de plus en plus fades et niaises, Laika sort carrément du lot en réalisant un film sur les créatures qui vivent sous nos pieds. Ce parti pris, qui peut sembler audacieux, est, selon les équipes de la réalisation elles-mêmes une forme de retour aux sources du dessin animé et du conte: on se souvient en effet du sentiment d’effroi qu’ont pu nous faire ressentir la sorcière de Blanche Neige ou la méchante fée de La Belle au Bois Dormant. Dans Boxtrolls, nos gentils gnomes, absolument dégoûtants, sont traqués par Archibald Trappenard, un être humain répugnant, c’est à se demander même, si, à certains moments, le film ne surrenchérit pas trop dans le sordide, notamment au moment où nous avons droit à assister à l’impressionnante crise d’urticaire qu’Archibald Trappenard contracte après avoir consommé du fromage.

Cependant, les enfants, même les plus petits, ne seront sans doute pas traumatisés par les boxtrolls, et ils trouveront dans les personnages principaux, Oeuf et Winnifred, deux charmants héros à travers lesquels ils pourront s’identifier sans aucun souci puisque les génies de l’animation de Laika ont su leur donner, grâce à divers procédés techniques de véritables personnalités.

Laika choisit en effet de se démarquer des autres productions de « dessins animés » par les thèmes abordés mais aussi par les techniques d’animation employées. Pour Boxtrolls comme pour les précédents opus du Studio, c’est la méthode de l’animation en volume (stop motion) qui est utilisée. L’animation en volume consiste à photographier des sujets, dans le cas présent, des marionnettes, dans différentes poses puis faire défiler les images à la vitesse de 24 par seconde, donnant ainsi l’illusion que les marionnettes se meuvent sans l’aide de personne, que ce sont des êtres vivants. C’est cette technique qui a été employée par Henry Sellicks et Tim Burton pour L’Etrange Noel de Mr Jack, par Nick Park pour la série des Wallace et Gromit ou bien avant ces exemples par Ladislas Starewitch dans son adaptation cinématographique du Roman de Renart.

Nous remarquons qu’à l’heure où les productions de films en tous genres se perdent dans de plus en plus d’imagerie numérique, des studios comme Laika ou Aardam (Pirates en 2012 et tous les Wallace et Gromit) chosissent cette méthode de réalisation qui est loin d’être la plus simple. Il est vrai que le Stop Motion contribue à la magie du film, c’est quelque chose que de se dire que les visages d’Oeuf et Winnifred ont été manipulés par un animateur pour nous offrir ces centaines d’expressions, que les décors de Cheesebridge dans lesquels les personnages évoluent ont été sculptés, peints, et poncés par les équipes de Laika. Nous vous conseillons d’ailleurs de rester à vos places jusqu’à la toute fin de la projection, d’une part pour visionner le magnifique générique mais aussi pour avoir un bon aperçu du « making of ».

 Bon film.

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Photo : Laika Entertainment

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