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Syrie. Les anciens d’Al Qaida prennent le contrôle de la rebellion à Idlib

16/01/2019 – 19h00 Syrie (Lengadoc Info) – point 67 – L’annonce du retrait des troupes américaines de Syrie commence à avoir des répercussions sur le terrain. Chaque partie tente d’avancer ses pions de manière à se positionner avantageusement lorsque la machine de guerre américaine ne fera plus office de tampon entre les belligérants.

Hayat Tahrir al-Sham impose son hégémonie sur Idlib

L’événement majeur qui a eu lieu en ce début d’année 2019 est la mise au pas des différentes factions « rebelles » de la poche d’Idlib par le groupe le plus radical nommé Hayat Tahrir al-Sham . Ce groupe d’obédience salafiste était originellement affilié directement à l’organisation terroriste Al Qaida. Initialement appelé Front Al-Nosra dès 2013, ils ont tenté de prendre officiellement des distances avec Al Qaida afin de ne pas se trouver eux-mêmes sur la liste des organisations terroristes. En 2016 ils se rebaptisent donc Front Fateh al-Cham puis début 2017, ils fusionnent avec d’autres groupes pour devenir enfin Hayat Tahrir al-Sham dont le noyau dur reste les anciens d’Al Nosra.

Présents dès le début de la révolution aux cotés de groupes plus laïques, ils subiront des revers importants lors de la reconquête du territoire par le gouvernement de Bachar el-Assad et ses alliés. Après chaque défaite, ses combattants choisiront d’être transportés dans la poche d’Idlib qui est devenue la dernière zone où les groupes « rebelles » peuvent exercer leur autorité. Hayat Tahrir al-Sham s’impose rapidement comme un des leaders et s’oppose régulièrement avec les autres groupes. Chaque groupe servant les intérêts de son ou ses commanditaires situés hors de la Syrie. De terribles luttes internes ont donc lieu dans les rangs de l’opposition à Bachar el-Assad montrant que celle-ci est fortement morcelée. Des assassinats surviennent de toutes parts, auxquels répondent des assauts en règle alors que l’armée de Bachar el-Assad est à quelques kilomètres. Finalement Hayat Tahrir al-Sham va se concentrer sur le groupe Harakat Nour al-Din al-Zenki à la fin du mois de décembre 2018. Quinze jours suffiront à Hayat Tahrir al-Sham pour infliger une cuisante défaite à ses anciens partenaires et les expulser vers la poche d’Afrin aux mains des Turcs. Emportés par leur élan, les combattants d’Hayat Tahrir al-Sham vont continuer à s’emparer de zones aux mains d’autres factions. Les gains s’enchainent et les factions vaincues choisissent elles aussi de s’exfiltrer dans les zones contrôlées par les Turcs.

Perspectives à court terme

Ce revirement de situation devrait s’inscrire dans la durée et apporter son lot de changements dans un conflit déjà complexe.

Deux options s’offrent désormais à Hayat Tahrir al-Sham. Soit ils rallient toutes les factions dissidentes restantes sous leur bannière et reprennent le combat contre les forces loyalistes, soit ils se tiennent tranquilles et tâchent d’assurer la gestion de la vie quotidienne dans cette dernière poche d’Idlib. La première option les désignerait comme des fauteurs de troubles qui ne respecteraient pas la trêve bancale en place depuis des mois et offrirait un blanc-seing à Bachar el-Assad et à ses alliés Iraniens et Russes pour reprendre cette dernière poche. La deuxième option, improbable, serait une sorte de piège tendu au gouvernement syrien pour qu’il rompe cette trêve. Un des grands gagnants de cette crise est le dirigeant Turc Recep Erdogan qui va pouvoir réaffecter ses « troupes syriennes » vers le nouvel objectif prioritaire qu’est la pacification de tout le nord de la Syrie. Cette opération a même reçu le soutien du leader du groupe Hayat Tahrir al-Sham, Abou Mohammed al-Joulani. Un jeu à plusieurs bandes pour nombre de parties en compétition.

Victoire des Kurdes contre le réduit de Daech

Malgré les revers diplomatiques internationaux qui laissent planer le risque de massacre de la part des Turcs, les Kurdes des Forces Démocratiques Syriennes ont continué leur avancée sur la poche d’Hajin. Appellation périmée puisque la ville d’Hajin n’est plus aux mains de Daech depuis un mois. La main mise jihadiste se réduit de jour en jour dans cette portion du territoire syrien située sur la rive est de l’Euphrate. Sur la quinzaine de bourgades toujours aux mains de Daech, seules quatre résistent encore aux efforts de la Coalition. Une victoire symbolique importante qui signera la fin effective de l’Etat Islamique en tant qu’ « Etat » puisqu’il n’aura plus aucune possession territoriale. Le retrait américain trouvera ainsi une légitimité et les Kurdes pourront se concentrer sur leur prochaine priorité, celle de survivre à une invasion turque.

Martial Roudier

Photos : DR

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