Syrie. Reprise des avancées de l’armée syrienne à Idlib

30/12/2019 – 10h00 Syrie (Lengadoc Info) –  point 72 –   Du 19 au 25 décembre 2019, l’Armée Arabe Syrienne a repris sa progression dans le sud-est de la poche contrôlée par les islamistes, appelée « poche d’Idlib ».

Semaine noire pour les jihadistes d’Hayat Tahrir al-Sham

Cette semaine de combats a été très difficile pour les combattants jihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) anciennement affilié à Al Qaida qui avaient violemment imposé leur hégémonie sur les autres groupes « rebelles » de la région début 2019. L’armée syrienne avait bien préparé son offensive et a progressé plus rapidement que prévu. Et le résultat est au rendez-vous avec une quarantaine de villes et villages libérés pour une superficie totale de 350 km2. Les combats ont essentiellement eu lieu de nuit à l’aide de dispositifs de vision nocturne qui ont assuré un avantage technique indéniable aux troupes mécanisées d’élite du général Souheil al-Hassan.

Les gains au sud de la poche d’Idlib fin août 2019

Après avoir progressé depuis le sud de la poche et buté sur le massif montagneux de Zawiyah fin août 2019, l’armée syrienne a attaqué le coin sud-est.

2 axes de progression se sont dessinés : depuis le sud-est mais également plein ouest en direction de l’objectif final de cette opération qui semble être la ville de Maraat Al-Numan. Cette ville constitue le verrou sud de l’autoroute M5 dont la réouverture est une priorité pour Damas. Ces deux axes de progression ont été établis de part et d’autre de l’emplacement d’un des 12 postes d’observation turcs en territoire rebelle, le poste de Surman. Techniquement ce poste a été « coiffé » par l’armée syrienne qui a effectué la jonction de ses troupes le 23 décembre 2019 au soir sur la ville de Jarjnaz censée être un bastion jihadiste de Hayat Tahrir al-Sham. Les pertes jihadistes s’élevaient alors à environ 160 tués.

Mais la ville a été abandonnée par les combattants jihadistes. Ces derniers se sont réorganisés et, profitant de mauvaises conditions météorologiques, ont lancé plusieurs contre-attaques appuyées par au moins 2 véhicules suicides (SVBIED). Ces tentatives de reconquête sur les villes de Jarjnaz et Al-Teh, se sont soldées par un échec qui aura coûté une quarantaine de morts supplémentaires.

Depuis le 25 décembre 2019, la situation est au point mort, même si l’on observe des accrochages sur la nouvelle ligne de front. Maraat Al-Numan reste pourtant l’objectif de l’armée syrienne mais il semble que la Turquie fasse des pieds et des mains pour enrayer cette progression. De manière surprenante, le président Erdogan agite la possibilité d’une intervention militaire turque en Lybie qui ajouterait encore un peu plus à la complexité des oppositions locales.

Les gains de la semaine au sud-est d’Idlib

Mort du Calife Al Baghdadi

L’événement majeur des derniers mois a eu lieu dans la nuit du 26 au 27 octobre 2019.

Une opération baptisée « Kayla Mueller » menée par les Forces Spéciales américaines qui aboutira à la mort d’Al Baghdadi. Une centaine de membres des « Delta Forces » vont opérer dans une propriété situé en périphérie de la ville de Baricha située à moins de 10 kilomètres d’un poste frontière avec la Turquie. Acculé dans des tunnels sous sa maison, le chef de l’Etat Islamique, actionnera une ceinture d’explosifs. Après extraction des Delta Force, le bâtiment sera entièrement rasé par des bombes américaines afin de ne pas servir de lieu de pèlerinage par ses fidèles. La succession au Califat de l’Etat Islamique pose depuis un problème, le nouveau Calife Abu Ibrahim al-Hashemi al-Qurashi étant considéré comme non légitime par les combattants de la base car totalement inconnu.

Martial Roudier

Photos : DR

Lengadoc-info.com, 2019, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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One comment

  1. Merci pour ce nouvel article.
    Je ne comprends pas vraiment cette dernière sentence à propos du rôle et de la place de la Turquie :
    « De manière surprenante, le président Erdogan agite la possibilité d’une intervention militaire turque en Lybie qui ajouterait encore un peu plus à la complexité des oppositions locales. »
    La Turquie, assise entre deux chaises, une fesse sur chacune, a toutefois changé de feuille de route depuis 2016.
    Aujourd’hui tout laisse à penser qu’Erdogan s’est mis dans les pas de la géopolitique russe pour le Moyen-Orient.
    Ce qui donne l’impression d’un double jeu de la part d’Ankara vient du fait que les Turques se sont engagés à la résorption du terrorisme mercenarial dans le projet de désescalade syro-russe (qui ne peut pas se faire en un jour, et ne peut pas se faire sans ceux qui ont permis l’envoi de mercenaires en Syrie); tout ceci en ménageant les susceptibilités diverses et variées des pays occidentaux, ces derniers comprennant toutefois qu’ils ont perdu un membre de leur organisation, c’est-à-dire un complice.
    Dans son rétropédalage, la Turquie, pour le dire vite, rachète sa faute occidentale-otanienne, pour s’inscrire doucement mais très sûrement dans la feuille de route de la Russie (Lavrov/Poutine) pour un Moyen-Orient pacifié et plus stable… Il faudra encore du temps, mais tout semble bien aller dans ce sens.

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