Etat Islamique

Syrie/Irak. Les capitales de l’Etat Islamique menacées

01/06/2017 – 18h40 Syrie (Lengadoc Info) – Point de situation numéro 32 – Un mois s’est écoulé depuis notre dernier point de situation et les choses ont fortement évolué durant ce laps de temps. Au détriment général de l’Etat Islamique, que ce soit en Syrie comme en Irak. Il est par ailleurs illusoire de dissocier les deux situations puisque désormais l’Etat Islamique se trouve à cheval de manière équivalente sur ces deux territoires. De plus, une coordination entre les deux états est de plus en plus tangible au fur et à mesure que l’Etat Islamique se recentre géographiquement sur la frontière Syrie/Irak. Mossoul, la capitale irakienne de l’Etat Islamique, devrait tomber d’ici quelques jours et son pendant syrien, Raqqah, devrait lui emboîter le pas. Mais de nouvelles tensions se font jour au sein de ceux qui luttent contre l’Etat Islamique, tensions qui préfigurent des déchirements post-Etat Islamique…

Gains loyalistes importants au Sud-Est et au Nord

L’Armée Arabe Syrienne épaulée par ses nombreux alliés a effectué des développements très importants sur plusieurs secteurs. Rappelons que les zones de désescalade établies par la Russie, l’Iran et la Turquie ont permis à l’état syrien de retirer des troupes des secteurs occidentaux pour les consacrer à l’écrasement de l’Etat Islamique à l’Est.

– Au Sud-Est

Les troupes loyalistes se dirigeaient vers la frontière irakienne vers la position d’Al-Tanf tenue par les forces spéciales américaines et des combattants rebelles syriens. Elles ont été dans l’impossibilité de continuer leur progression du fait de plusieurs bombardements de la Coalition. Ce qui semblait constituer une impasse a incité les commandements militaires syriens à déborder ce secteur interdit et d’atteindre la frontière irakienne une cinquantaine de kilomètres plus à l’Est. Opérant ainsi la jonction avec les milices chiites irakiennes et bloquant de fait toute velléité américaine le long de la frontière en direction de l’Euphrate.

A l’Est de Palmyre c’est la ville d’Arak et son champ gazier qui ont été capturés par l’Armée Arabe Syrienne. Plus au Sud c’est la station de pompage T3 qui a également changé de mains. Les forces loyalistes ne se sont pas arrêtées là et ont dégagé près de 130 kilomètres de route en plein désert en direction du Sud-Est et se trouvent à portée de tir de la station de pompage T2. Ces objectifs ne sont pas d’une importance majeure mais placent les troupes loyalistes à environ 70 kilomètres de la vallée de l’Euphrate où sont concentrés les fidèles de l’Etat Islamique autour de leur nouvelle capitale Mayadin. Cette progression Sud-Est permet également de sécuriser le flanc Sud de l’axe de progression principal dans la région qui est la route reliant Palmyre à Deir Ez-Zor l’enclave loyaliste qui résiste vaillamment depuis des années d’isolement. 150 kilomètres à parcourir en zone désertique pour désenclaver Deir Ez-Zor avec comme place forte la ville de Sukhnah à 30 kilomètres de Palmyre.

– Au Nord

Concernant le flanc Nord de cet axe, la progression des troupes loyalistes au Sud-Ouest du lac Assad est de très bonne augure. En effet, les forces d’élite blindées Tigre ont complètement nettoyé la plaine de Maskanah en atteignant l’axe Ithriya-Tabqah. Ils ont développé leur avancée à l’Est jusqu’à la ville de Resafah à l’Est et à l’Ouest en direction d’Itrhiya. Les commandants des Forces Tigre et des Forces de Défense Nationale ont ainsi pu opérer leur jonction sur cet axe le 30 juin 2017 et ainsi libérer une zone de 3000 km2 directement au sud du lac Jabbul. Toute la région située à l’Est et au Sud-Est d’Alep est donc libérée de la présence de l’Etat Islamique et l’axe d’approvisionnement Alep-Hama s’en trouve considérablement renforcé.

Les troupes ainsi libérées vont pouvoir être réaffectées sur le dernier saillant de l’Etat Islamique en Syrie centrale qui se trouve directement à l’Est des villes d’Hama et de Homs. Le bastion de l’Etat Islamique dans le secteur est la ville d’Uqayribat vers laquelle devrait converger tous les efforts des troupes situées à proximité. Uqayribat est considérée comme la plaque tournante pour les échanges en tout genre entre l’Etat Islamique et les « rebelles » de la région d’Idlib à proximité.

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A l’assaut des capitales de l’Etat Islamique

– Capitale irakienne, Mossoul

Les territoires encore aux mains de l’Etat Islamique se réduisent comme peau de chagrin. D’après des estimations, il ne devrait plus y demeurer qu’environ 200 combattants noyés dans des milliers de civils. Les combats ont été terriblement meurtrier, avec des bilans journaliers de plusieurs dizaines voire des centaines de tués. Mais les derniers « défenseurs » de Mossoul ont prévu de lutter jusqu’au dernier et ont même réussi à créer la surprise en se rendant maîtres de plusieurs quartiers situés en zone libérée. L’utilisation de tunnels ainsi que l’activation de cellules dormantes ajoutées aux combattants ayant réussi à s’échapper en se mêlant aux flots de civils évacués ont rendu ce coup d’éclat possible.

Malgré les difficultés auxquelles on s’attendait dans la vieille ville, au regard de l’étroitesse des rues notamment, les forces irakiennes ont pu s’infiltrer loin en profondeur et s’emparer des axes principaux. Ils ont notamment atteint la fameuse mosquée Al Nuri où le calife Abou Bakr Al-Baghdadi avait proclamé la fondation de l’Etat Islamique. Le minaret penché Al-Habda caractérisant la mosquée Al-Nuri a d’ailleurs été dynamité par les jihadistes le 21 juin 2017 dans une tentative d’accuser les forces de la Coalition. Le sort d’Abou Bakr Al-Baghdadi, pour la capture duquel les américains offrent 25 millions de dollars , est aujourd’hui très incertain. Les autorités russes le déclarent tué au cours d’un bombardement effectué par leur aviation le 28 mai 2017 au sud de Raqqah lors d’une importante réunion des cadres de l’Etat Islamique.

La capture complète de Mossoul est désormais une affaire de jours.

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– Capitale syrienne, Raqqah

La progression des troupes des Forces Démocratiques Syriennes, à dominante kurde, est très régulière et a été menée de main de maître. Il est vrai que le soutien américain s’avère très efficace tant au niveau de la logistique que de la tactique. La ville a été approchée de toutes les directions du coté Nord de l’Euphrate. L’avantage tactique majeur a été le débarquement le 21 mars 2016 au Sud du fleuve permettant de frapper au cœur des lignes ennemies et d’atteindre le Sud de la ville. C’est désormais chose faite puisque la ville est complètement assiégée. Les combattants kurdes sont d’ailleurs au corps à corps avec les combattants de l’Etat Islamique à l’intérieur de nombreux quartiers de la ville. Les jihadistes assiégés font preuve d’une farouche résistance mais on sent bien que la ville n’est pas défendue comme devrait l’être théoriquement une capitale. Les combats semblent bien moins intenses que lors de la défense d’Al-Bab par exemple et beaucoup moins que ce qu’il a été vu à Alep. Mais Raqqah n’est plus la capitale de l’Etat Islamique depuis plusieurs mois, les principaux leaders et de nombreux combattants ayant déménagé à Mayadin située à 180 kilomètres de là au centre géographique du territoire encore régi par l’Etat Islamique.

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Le reste du front

– 2 secteurs sont en activité en Syrie occidentale. Tout d’abord au Nord-Est de Damas où des combats féroces ont lieu dans le quartier de Jobar. Un front vient de se créer au Sud-Ouest du pays dans la région de Quneitra à proximité du Golan où les troupes « rebelles » lancent des assauts sur la ville d’Al Baath. Une fois de plus, les forces israéliennes semblent apporter un soutien militaire aux rebelles se revendiquant d’Al-Qaïda.

– Aux Philippines, l’insurrection jihadiste dans la ville de Marawi en est à sa 5ème semaine. On dénombre 71 tués et 480 blessés chez les militaires, 26 civils exécutés et 299 tués du coté de l’Etat Islamique. Cette opération aura nécessité une importante préparation et démontre des capacités de nuisance de l’Etat Islamique capable de frapper n’importe où dans le monde même de manière massive.

– La Somalie est secouée par d’importantes attaques attribuées aux combattants jihadistes Shebab liés à Al-Qaïda. Assaut contre une base de l’armée du Puntland le 8 juin 2017, attaque de deux restaurants dans la capitale Mogadiscio le 14 juin 2017, attentats à la voiture piégée le 20 juin.

– Le 6 juin 2017, un algérien de 40 ans attaque un policier à coup de marteau sur le parvis de Notre Dame de Paris.

– A Téhéran, la capitale iranienne, le 7 juin 2017 plusieurs combattants de l’Etat Islamique opèrent des attaques simultanées au Parlement, au mausolée Khomeiny et dans une station de métro occasionnant 8 morts et 39 blessés.

– Le 20 juin 2017 dans la gare de Bruxelles, Oussama Zariouh se fait exploser en criant « Allahu Akbar ».

Martial Roudier

Photos : DR

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