Résilience
Crédit : Armée de Terre

Opération Résilience : « Le renfort des armées est indispensable pour pallier les carences induites par des décisions politiques irresponsables »

20/04/2020 – 15h15 Nîmes (Lengadoc Info) – Depuis le 25 mars l’Armée française est engagée dans la lutte contre le Covid-19. Lengadoc Info a posé quelques questions à Nicolas Meizonnet, député du Gard et membre de la commission défense à l’Assemblée Nationale, sur les objectifs de l’opération Résilience.

Lengadoc Info : Quel est le but de l’opération Résilience ?

Nicolas Meizonnet : L’opération résilience qui a été déclenchée par le Président de la République le 25 mars a pour mission d’engager les forces armées afin d’apporter une aide à la population et aux services de l’Etat dans la lutte contre la pandémie du coronavirus. L’opération se fixe trois objectifs essentiels : sanitaire, logistique et de protection.

Lengadoc Info : Quels sont les moyens mis en place ?

Nicolas Meizonnet : Au premier chef, c’est le Service de Santé des Armées qui a été mis à contribution avec l’activation de ces 8 hôpitaux d’Instruction, ce qui représente plus de 100 lits à destination des patients dont 40 en réanimation. 336 internes des hôpitaux des armées ainsi que 232 élèves des écoles militaires de santé ont également été sollicités.Les moyens de transports terrestres et aéroportés (type Morphée) des armées ont aussi été engagés pour l’évacuation des malades graves, notamment de la région Grand Est vers d’autres hôpitaux en France et en Allemagne.Enfin des personnels et matériels de l’armée de Terre ont été déployés sur le territoire afin d’assurer la sécurité des sites sensibles militaires et civils, ainsi que la surveillance générale en appui des forces de sécurité intérieure.

Lengadoc Info : La région Occitanie est-elle concernée par cette opération Résilience ?

Nicolas Meizonnet : Oui, la région Occitanie est évidemment concernée. L’armée est sollicitée en fonction des besoins évalués par les préfets. Les militaires sont engagés notamment pour la sécurisation des hôpitaux ou éventuellement des laboratoires pharmaceutiques, le transport de malades et de matériels médicaux, la surveillance des zones sensibles ou des sites stratégiques. Dans le Gard par exemple, nous avons 60 légionnaires du 1er Régiment Etranger de Cavalerie de Carpiagne (13) qui protègent le CHU de Nîmes et effectuent des surveillances à proximité de l’usine Sanofi d’Aramon. Entre deux, ils patrouillent dans le centre-ville de Nîmes afin d’assurer une présence dissuasive.Notons que ces renforts n’interviennent pas pour faire respecter l’obligation de confinement.

Lengadoc Info : Ce recours à des moyens militaires est, selon vous, normal ou bien il démontre une certaine impréparation des organismes civiles et du pouvoir politique ?

Nicolas Meizonnet : Cette crise reflète de toute évidence une impréparation, un manque d’anticipation de la part de nos dirigeants. Nous avons eu le temps d’observer ce qui se passait dans les premiers pays touchés par le COVID-19, ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas dans la lutte contre cette épidémie. Dès fin janvier, nous avons réclamé la fermeture des frontières. On nous a répondu avec une arrogance inouïe que le virus n’avait pas de passeport ! Nous avons ensuite alerté sur les stocks de masques et de tests. On nous a répondu qu’on avait tout ce qu’il fallait. Aujourd’hui, voyez où nous en sommes ! Notre système de santé civile est mis à rude épreuve. Nos capacités en termes d’accueil des patients et d’engagement des personnels soignants, nous le voyons, sont sous tension. Par ailleurs, le fonctionnement de nos hôpitaux s’est dégradé ces dernières années en raison du terrible plan d’austérité qui leur a été infligé. C’est donc toute l’organisation de notre système de santé qui est à bout de souffle. Dans ce contexte déplorable, le renfort des armées qui ont une culture reconnue de la gestion de crise, est le bienvenu. Il est même indispensable pour pallier les carences induites par des décisions politiques irresponsables.

Lengadoc Info : Quand on voit la situation du porte-avion Charles de Gaulle où plus de la moitié de l’équipage est contaminé par le Covid-19, l’armée est-elle suffisamment préparée face à cette épidémie ?

Nicolas Meizonnet : Il est difficile pour moi d’exprimer un avis sur cette affligeante affaire car une enquête est en cours. La veille du confinement obligatoire, le 16 mars, le Charles de Gaulle était à quai. Comment a-t-on pu le laisser repartir sans tester l’équipage ? J’espère que ses conclusions permettront de dégager les responsabilités de chacun aussi bien au niveau du gouvernement que dans la chaîne de commandement de la Marine Nationale. Les marins sont des militaires, ils obéissent aux ordres et aux décisions politiques. Si le virus s’est bel est bien introduit sur le navire lors de la dernière escale, vu la grande promiscuité entre tous les personnels, la propagation s’est faite évidemment très rapidement. Il n’y avait pas ensuite de possibilité de la contenir à bord. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’aujourd’hui, je pense aux marins, à leur famille. Et je déplore que l’un des composants majeurs de notre stratégie de défense soit inemployable.

Photos : DR/ Armée de Terre

Lengadoc-info.com, 2020, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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