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Discours de Robert Ménard lors de la commémoration du massacre d’Oran.

09/07/2015 – 18h50 Béziers (Lengadoc-info.com) – Ce dimanche, le maire de Béziers a rendu hommage aux victimes du massacre commis par le Front de Libération National algérien le 5 juillet 1962 contre les pieds noirs et harkis.

« Mesdames, Messieurs, chers amis,

Nous voici, une nouvelle fois, en ce 5 juillet, dans ce cimetière, devant cette stèle, une nouvelle fois au rendez-vous de la fidélité.

Le 5 juillet n’est pas une date comme une autre de la guerre d’Algérie. C’est le jour du plus grand massacre de cette guerre. Un massacre qui ne doit rien aux combats mais tout à la cruauté d’une populace haineuse et à l’impuissance voulue, volontaire, décidée d’une armée aux ordres d’un gouvernement félon.

Eh oui, lorsque l’on prend le pouvoir grâce à l’Algérie française, lorsque l’on fait le serment de la conserver, lorsque des milliers d’hommes croient ce serment fait au nom de la France et en perdent la vie, oui, on est un gouvernement félon.

Cette stèle n’est pas une stèle comme les autres. C’est celle des victimes de ce massacre. Mais également la stèle de ceux qui ont combattu jusqu’à la mort pour l’Algérie française.

Ce rendez-vous n’est pas, cette année, un rendez-vous comme les autres. La décapitation sur notre sol
d’un civil Français par un islamiste nous rappelle, nous renvoie à celles des harkis en 1962. Comme si les mensonges, les abandons de jadis ne servaient jamais, jamais de leçon !

Voilà pourquoi, nous savons ce qui nous réunit ici, ce matin. Nul besoin de grands discours pour ceux qui ont leur mémoire dans leur peau, pour ceux à qui l’on a arraché la part essentielle d’une vie : l’enfance, la jeunesse, ses paysages, ses odeurs, ses cimetières. Nul besoin d’explications pour tous ceux qui, ayant vécu le cauchemar de 1962, ont toujours redouté qu’il nous rattrape un jour, ici, sur cette rive de la méditerranée.

Ils peuvent nous couvrir de leurs injures, les sots, les traîtres qui prétendent que nous sommes ici pour une revanche, pour réécrire l’histoire. Il fallait les voir le 17 mars dernier hurler à l’ombre d’un drapeau du FLN parce que nous inaugurions une rue du commandant Hélie de Saint Marc.

Ils n’ont même plus l’excuse de combattre les injustices de l’Algérie de 1954. Ils n’ont même plus l’excuse de l’ignorance. Ce qu’est devenu ce pays après notre départ ne leur a décidément rien appris. Ils ont la traîtrise dans le sang. Après avoir vendu l’Algérie française, ce sont les mêmes qui s’apprêtent maintenant à livrer la France.

Albert Camus disait qu’entre la justice et sa mère, il choisissait sa mère. Eux sont de ceux qui abandonnent leur mère ! Mais Dieu merci, ils ne sont désormais qu’une poignée que les temps qui viennent finiront par balayer.

Face à eux, en tous lieux et en toutes époques, il faut s’extraire de cette boue pour aller à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est que tous ici, plus de soixante ans après, nous réclamons toujours justice.

Oh non, nous ne voulons pas d’argent. Nous ne voulons pas davantage d’une nouvelle journée de commémoration, une de ces journées au cours desquels des représentants de l’État ânonnent des textes d’une platitude atterrante.

Nous ne voulons pas, non plus, que le président de l’Algérie nous présente des excuses. Il n’en fait même pas à son propre peuple, alors ne rêvons pas…

Ce que nous voulons, c’est la vérité, la simple reconnaissance des faits. Nous la voulons au nom de notre nation et par notre nation. Nous la voulons dans les livres. Nous la voulons dans les programmes de télévision. Nous la voulons à l’école. Nous la voulons au grand jour.

Nous ne voulons pas l’asséner. Nous ne voulons pas l’imposer. Nous, nous acceptons la confrontation, la discussion, le débat, parce que nous savons que les faits, nous savons que les chiffres, nous savons que nos vies et que nos morts parlent pour nous.

Nous voulons cette place qu’on nous refuse, que les historiens officiels, à la manière d’un Benjamin Stora, nous refusent. Eux dont on peut se demander s’ils sont des historiens français ou des thuriféraires attitrés du FLN…

Alors pourquoi nous refuse-t-on cette vérité ? Ce que nous avons à dire est-il donc si étranger à notre pays ? Ou, plutôt, étranger à ce nouveau pays que l’on invente chaque jour à Paris, à Bruxelles, et qui n’est pas la France, et qui, au contraire, travaille à la détruire, s’acharne à nier son histoire et même son existence.

Notre rassemblement veut la justice. Et pour la justice, nous sommes prêts à nous battre. Nous ne sommes pas ici pour nous complaire dans la douleur, nous sommes ici des combattants au service de notre peuple et de notre nation.

Encore un mot. En ce jour, nous ne rendons pas seulement hommage à des morts. Morts dans des conditions atroces mais dont les familles ont pu faire le deuil. Et Dieu sait qu’il en coûte…

Nous ravivons aussi – j’allais dire surtout – la mémoire de disparus, d’hommes et de femmes dont les gouvernements français ont nié jusqu’à l’existence en ne cherchant jamais, jamais la vérité à leur sujet, à leur égard. Nous honorons des Français que l’État français, que l’armée française a abandonné à leurs bourreaux alors même qu’ils pouvaient, qu’ils devaient les protéger. Nous rappelons le souvenir d’une lâcheté organisée, d’un abandon absolu, d’une fuite abjecte.

Pour finir d’enterrer les morts, il faut les faire entrer dans l’histoire. Nous sommes ici les fils et les filles d’une histoire qui n’est pas terminée. Nous sommes les héritiers d’une tâche à accomplir. La France a abandonné les disparus d’Oran. Nous ne les oublierons jamais. Comme nous n’abandonnerons jamais la France parce que nous savons que notre pays n’appartient qu’à ceux qui l’aiment assez profondément pour tout lui donner.


Et nous sommes de ceux-là. Nous sommes de ceux qui donneront tout. Et, donnant tout, alors, peut être, recevrons-nous notre nourriture d’homme, la seule nourriture qui vaille : la fierté, l’honneur, la joie du devoir accompli. Vive l’Algérie française qui garantissait la France française !

Vive la France ! »

Photos : DR

Lengadoc-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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4 Commentaires

  1. Ah tiens encore un nationaliste qui dénie le droit des autres nations à la souveraineté

  2. Il y a bien eu un massacre le 5 juillet dans Oran et ses environs perpetré par des membres de l’ALN,sans que l’armee francaise n’intervienne…Mais de le denoncer n’est pas politiquement correct…
    Le bilan est de 700 morts…Voir ouvrage de Zeller,Pervillé et Jordi..iL EST INCONNU POUR LES MUSULMANS…
    Mais de cela Hollande s’en moque…Les PN sont-ils consideres commes des Français?
    Par contre Menard est bien demago dans son discours…Comme en 1763 pour les Acadiens,la France a abandonné les pieds noirs et plus globalement tous ceux qui voulaient rester Français…

  3. Il est encore possible de juger les responsables du FLN de l’époque encore en vie dont Bouteflika et ils possèdent pratiquement tous des comptes et des biens en France. Certains ont probablement acquis la nationalité française ou obtenus un titre de séjour. Pour information le secrétaire général actuel du FLN Saadani Amar a une carte de séjour et il a acheté des appartements dont un à Neuilly pour 800000€ et il a des comptes en banques. Il serait peut être possible de le poursuivre et de procéder à des saisies et geler ses comptes comme à d’autres responsables politiques algériens. Comment ont ils obtenu toutes ces fortunes ? De plus il est anormal que ces chefs du FLN paradent en France y habitent s’y soignent alors qu’ils sont pour beaucoup responsables des massacres de pieds noirs et harkis. M. Harbi par exemple qui enseigne en France ou alors à la retraite aujourd’hui était membre du Gpra et du premier gouvernement de Ben Bella tout comme Bouteflika et nombreux autres qui se vantent d’avoir été dans l’ALN. Soit ils sont directement responsables pour non respect des accords d’Evian soit pour avoir laissé faire soit en y incitant les foules. Des enquêtes menées par des juges indépendants pourraient établir ces responsabilités même si par la suite des hommes politiques français seraient eux aussi inquiètés. C’est urgent.

  4. Bravo Mr Ménard, vous au moins, vous en avez !!!!

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