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Syrie. La Turquie attaque les Kurdes du canton d’Afrin

23/01/2018 – 18h55 Syrie (Lengadoc Info) – Point de situation numéro 51 – Les menaces verbales répétées du président turc Erdogan se sont donc concrétisées cette semaine avec le déclenchement de l’opération « Branche d’Olivier ». De quoi complexifier encore un peu plus une situation géopolitique moyen-orientale délicate.

Les troupes turques et affiliées pénètrent dans le canton d’Afrin

Le président turc Erdogan ne cessera jamais de surprendre les différents acteurs internationaux. En tant que membre de l’OTAN, il sait pouvoir bénéficier du soutien automatique des pays occidentaux. Soutien dont il use et abuse dans le cadre de sa politique d’expansion panturque.

On connait le jeu trouble que la Turquie a mené en entretenant des relations avec l’Etat Islamique, leur assurant une base arrière logistique quasi officielle. Jusqu’à ce qu’elle décide de faire partie intégrante de la lutte contre le mouvement terroriste qu’elle a contribué à mettre en place. La Turquie est le support officiel de nombreux groupes dits rebelles mais très islamisés dont certains sont très proches d’Al-Qaïda. Ces supplétifs syriens équipés et financés par la Turquie sont regroupés au sein de la FSA (Free Syrian Army) et sont destinés initialement à lutter contre le régime de Bachar El-Assad. Techniquement ils sont surtout employés à lutter contre la présence des forces armées kurdes situées au nord de la Syrie le long de la frontière avec la Turquie.

L’objectif de l’opération « Branche d’Olivier » est d’établir une zone tampon de 30 kilomètres à l’intérieur du territoire syrien. C’est à dire toute la zone du canton d’Afrin. Dans un premier temps, puisque le territoire de Manbij a déjà été évoqué pour une deuxième phase, ainsi que tout le territoire jusqu’à la frontière avec l’Irak. Il va sans dire que cette opération entraine des positionnements diplomatiques délicats. Personne ne semble vouloir s’opposer à l’opération en cours. Ni les russes, ni les américains, ni les syriens, bien que tous condamnent formellement cette intervention. Les kurdes se retrouvent donc relativement isolés et tachent de s’opposer militairement à cette invasion turque de leur territoire. La seule option diplomatique a été avancée par les russes qui proposaient aux kurdes de céder leurs positions aux troupes syriennes. Cette option a reçu une fin de non recevoir de la part des autorités d’Afrin.

Techniquement les turcs ont déclenché des tirs d’artillerie sur le pourtour du territoire d’Afrin. Dans un deuxième temps c’est l’aviation turque qui a détruit plus d’une centaine d’objectifs militaires à l’intérieur du territoire. Et c’est enfin l’infanterie de la FSA qui a pénétré en plusieurs endroits à l’intérieur du canton d’Afrin, appuyée par les tirs de blindés. Le bilan est difficile à établir pour le moment car il règne une intense guerre de propagande qui remet en question toute information sur le terrain.


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Capture de l’aéroport d’Abu Duhur et fermeture de la poche jihadiste

Bien que passant au second plan par rapport au conflit dans le nord-ouest, les gains de l’Armée Arabe Syrienne et de ses alliés ne sont pas à négliger pour autant.

En effet, les troupes loyalistes ont fortement capitalisé sur leur conquête initiale en direction d’Abu Duhur. C’est, dans un premier temps, la poche du nord-est d’Hama qui a été fermée avec la capture des villages d’Umm Tinah et d’Abu Al Jurah. La poche ainsi constituée mesure aux alentours de 1200 kilomètres carrés dans lesquels sont enfermés au moins un millier d’hommes avec de l’équipement lourd. Ces combattants font allégeance pour partie à l’Etat Islamique et pour partie à Hayyat Tahrir al-Sham. Une opération de réduction est en cours à partir des positions au sud-ouest.

La deuxième victoire notable est la prise complète de la base aérienne d’Abu Duhur le 20 janvier 2018 après deux jours de combats. Les combattants islamistes ont finalement abandonné leurs positions afin d’éviter un encerclement depuis le sud, l’est et le nord-est. La ville d’Abu Duhur situé à l’ouest de l’aéroport vient elle aussi de passer aux mains des forces gouvernementales. Bien que ne revêtant pas une grande valeur stratégique en soi, la prise de cette position va permettre d’établir une base pour le lancement de la prochaine grande opération dans le secteur.

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L’objectif qui se dessine désormais, est la libération de l’enclave chiite de Foua et Kafarya située à 40 kilomètres d’Abu Duhur. Cette opération apparait comme difficile à réaliser puisqu’il faut pénétrer au cœur du territoire ennemi. L’obstacle constitué par l’autoroute M5 n’est pas à prendre à la légère, de même que les bastions islamistes entourant l’enclave chiite. Idlib, située à, à peine, 3 kilomètres est considérée comme le cœur de la résistance islamiste. Une offensive coordonnée nord-ouest à partir d’Abu Duhur en direction d’Idlib via Saraqib avec une offensive plein ouest à partir d’Hader via Al-Eis et Taftanaz aurait des chances d’aboutir. La plus grande prudence est de mise quand à ce scénario…

Le reste du front

– A Kaboul, capitale de l’Afghanistan, le 21 janvier 2018 un commando taliban de 6 hommes a attaqué l’hôtel de luxe Intercontinental occasionnant 22 morts et des dizaines de blessés.

– Aux Philippines, le 20 janvier 2018 l’armée a connu un accrochage avec une dizaine de jihadistes à 20 kilomètres au sud-est de Marawi. C’est le premier incident depuis la fin des combats à Marawi qui ont duré 5 mois.

– En France, plusieurs détenus radicalisés s’en sont pris à des surveillants dans plusieurs prisons françaises (Vendin-le-Vieil au sud de Lille et Borgo en Corse). Les syndicats demandent la création de centres de détention spécialisés pour les profils jihadistes.

Martial Roudier

Photos : DR

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