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Syrie. Le glas sonne pour Afrin et la Ghouta

16/03/2018 – 15h00 Syrie (Lengadoc Info) – Point de situation numéro 54 – La carte militaire en Syrie a connu deux grands bouleversements simultanés ces trois dernières semaines. Le premier au Nord où les défenses kurdes s’effondrent devant la poussée turque à Afrin. Le second en périphérie de Damas où la poche de résistance islamiste se désagrège devant la puissance de l’assaut des troupes loyalistes.

La région kurde d’Afrin au bord de l’effondrement

L’opération Rameau d’Olivier (Olive Branch) déclenchée le 20 janvier 2018 aura connu un démarrage délicat mais cette progression va en s’accélérant à partir du 20 février 2018. Les divers points d’entrée en territoire kurde/syrien ont petit à petit été consolidés et ont fini par être tous reliés entre eux. C’est l’ensemble du pourtour frontalier qui est ainsi sécurisé par l’armée turque et ses supplétifs le 1er mars 2018.

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L’option diplomatique de préservation des agglomérations que nous avions avancée n’a pas été retenue par l’état major turc. La ville de Rajo passe sous contrôle turc le 4 mars 2018, celle de Jinderes au sud-ouest connait le même sort le 8 mars 2018.

Les défenses kurdes s’écroulent sous la pression turque malgré des renforts venus de la région de Deir Ez-Zor prélevés dans les rangs des Forces Démocratiques Syriennes. A partir du 10 mars 2018 c’est du nord-est que la pression se fait la plus pressante.

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Le 15 mars 2018 le barrage de Maydankay passe sous contrôle turc et les troupes affiliées à la Turquie sont à peine à 1 kilomètres au nord-est et au sud-ouest de la ville d’Afrin. La capitale régionale kurde semble en sursis, les turcs paraissant vouloir vider la poche montagneuse via Afrin en direction des territoires contrôlés par le gouvernement syrien.

L’issue victorieuse de l’opération « Rameau d’Olivier » semble inéluctable mais pose un dilemme quant à son avenir, le gouvernement turc excluant d’ores et déjà de restituer ce territoire au gouvernement syrien …

La résistance islamiste de Ghouta orientale en voie d’anéantissement

L’opération « Acier de Damas » (Damascus Steel) a démarré le 18 février 2018 par un intense bombardement sur toutes les villes de la Ghouta orientale et qui a duré jusqu’au 24 février 2018. Ce bombardement outre le fait de désorganiser les défenses islamistes, a permis le déploiement des unités terrestres. Le 25 février 2018 a démarré l’attaque au sol du coté de la ville d’Al-Nashabiyah formant un saillant au sud-est.

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Cet axe de progression par l’Est a été judicieusement choisi puisqu’il se situe à l’exact opposé de la capitale Damas et que c’est une zone de campagne faiblement peuplée. L’état major comptant minimiser les pertes civiles. Seul obstacle à cette progression, la « Tranchée de la Mort » de 12 kilomètres reliant Al-Nashabiyah à Rayhan. Cette tranchée anti chars inondée s’est avéré particulièrement efficace pour stopper les avancées blindées loyalistes. Une fois franchi cet obstacle les défenses islamistes se sont effondrées et l’offensive blindée s’est développée rapidement. L’objectif est alors de scinder la poche de la Ghouta en deux. Objectif réalisé le 10 mars 2018 avec la prise de Mesraba et la jonction avec la base militaire de véhicule d’Harasta. Le lendemain, 11 mars 2018, la poche est même divisée en trois lorsque Misraba tombe et que la route reliant Harasta et Douma passe sous contrôle gouvernemental.

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La poche de la Ghouta orientale n’existe plus en tant que telle. Complètement fractionnée, ne subsiste que les agglomérations à l’intérieur desquelles la résistance est facilitée grâce à l’environnement urbain et à la présence de civils utilisés comme boucliers humains. Malgré tout, le gouvernement syrien continue de proposer à certains groupes de résistance de se rendre et d’être transportés dans la zone « rebelle » de leur choix. Stratégie payante puisque certaines villes sont ainsi conquises sans combattre.

Le combat pour la pacification complète de la Ghouta orientale risque de durer quelques temps encore mais cette victoire s’annonce capitale pour Bachar el-Assad qui aura pacifié une importante zone rebelle située en périphérie immédiate de la capitale syrienne. Une victoire qui n’atteint pas le niveau de celle d’Alep mais qui s’en approche fortement.

Le reste du front

– Une éphémère opération « Colère pour la Ghouta » (Wrath for Ghouta) a été déclenchée le 14 mars 2018 par un regroupement de combattants islamistes au nord-ouest d’Hama afin de soulager la pression sur la Ghouta orientale. Les islamistes ont réussi à capturer les villes de Kernaz et d’Al-Hamameyah. Une contre attaque loyaliste a recouvré ces positions le jour même et entrainé la mort de plusieurs dizaines de rebelles. Des véhicules blindés turcs (Panthera F9) fournis aux rebelles ont été capturés.

– Au sud de Damas les combattants d’Hayyat Tahrir al-Sham  à l’ouest de la poche ont été évacué d’Al-Qadam par le gouvernement en direction d’Idlib. Les combattants de l’Etat Islamique se seraient emparés de cette zone nouvellement libérée avant sa prise en compte par les troupes loyalistes.

Martial Roudier

Photos : DR

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