1905

Série Histoire. Les lois anticléricales de 1905 – L’attaque en règle

19/08/2018 – 17h00 Montpellier (Lengadoc Info) – Les médias vantent sans cesse la loi de 1905. Mais qui se souvient qu’elle mena la France au bord de la guerre civile ? Que fut cette loi et dans quel contexte intervint-elle ? Lengadoc Info vous présente ce long sujet, tant sur le plan national que local, en plusieurs volets.

Le piège de la loi de 1901

Le 1° juillet 1901, le président du conseil, Pierre Waldeck-Rousseau, présenta une loi sur la liberté d’association. Base de notre système associatif, elle établissait un régime discriminatoire pour les congrégations religieuses. Toute nouvelle création était soumise à une autorisation régissant son fonctionnement (art. 13). Les établissements existants devaient en demander une sous trois mois (art. 18). Ceux qui n’avaient pas d’autorisation seraient déclarés illicites (art. 16) et dissous (art. 18). Tout établissement autorisé pouvait être fermé par simple décret (art. 13). La liste de leurs membres et les inventaires de leurs biens étaient à disposition des préfets (art. 15). « Les membres d’une congrégation non autorisée sont interdits d’enseigner ou de diriger un établissement d’enseignement » (art. 14).

Le Pape Léon XIII ne donna pas d’instructions mais estimait que ceux qui demanderaient cette autorisation s’en repentiraient. Les premiers établissements furent dissous dès octobre 1901, tandis qu’une grande majorité déposa une demande.

Mais ce fut Émile Combes, nommé président du conseil et ministre de l’intérieur et des cultes* le 7 juin 1902, qui examina les dossiers. Il rejeta 54 demandes de congrégations masculines sur 59, puis refusa en bloc toutes celles des congrégations féminines, à l’exception de quelques ordres hospitaliers et contemplatifs. Si certains prêtres purent se séculariser, environ 30 000 religieux et religieuses durent quitter la France. Pierre Waldeck-Rousseau déclara que son successeur avait transformé sa loi de contrôle en loi d’exclusion.

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Le cardinal de Cabrières à Don Bosco (cf l’article précédent) en 1912. Afin de se conformer à la loi de 1901, les Oratoriens obtinrent du Vatican leur sécularisation. Mais les autorités publiques n’en tinrent pas compte et en 1902 Don Virion, le nouveau supérieur de la maison de Montpellier, fut par deux fois accusé de « délit de congrégation » devant les tribunaux. En 1903, les Oratoriens durent prendre la route de l’exil. Les bâtiments de la maison de Montpellier, achevés en 1896, ainsi que tout le mobilier, furent confisqués comme « bien de congrégation non autorisée ». Le comte de Kergolay racheta l’ensemble aux enchères et le rouvrit en 1905 avec un personnel constitué de laïques et de prêtres diocésains, sous la direction de l’abbé Jourdan. C’est de cette période que date la photo. Mais la situation de l’établissement resta très précaire jusqu’aux années 1920.

Le jusqu’au-boutisme de 1904

Mais quelque 2 500 établissements catholiques réussirent à se maintenir. Émile Combes fit voter la loi du 7 juillet 1904 qui les supprima eux aussi. Une amende frappait toute personne qui essayerait d’aider des congregationistes.

Plusieurs groupes, discrètement soutenus par le gouvernement, perturbaient régulièrement les messes et insultaient, voire molestaient, les fidèles. Dans le même temps, une circulaire d’Émile Combes demanda aux inspecteurs des monuments historiques de ne plus entretenir les églises protégées afin qu’elles tombent en ruine. Mais ce zèle le poussa à la faute politique, nous le verrons dans le prochain article.

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Pourtant munies de toutes les autorisations nécessaires, les sœurs de Saint-Charles de Montpellier durent quitter leur établissement de la Providence suite à la loi de 1904. En dépit de plusieurs recours en justice, la maison dut fermer en 1906. Cette maison d’éducation se trouvait au boulevard Clémenceau. La maison réussit à rouvrir en 1914. C’est l’actuel collège de la Providence. La photo ci-dessus montre « Chantebrise », la maison de campagne de l’établissement. Une petite partie de la propriété existe toujours et se trouve au milieu du quartier Ovalie, près du rond-point du « grand M ».

Un premier bilan dans l’Hérault

Monseigneur de Rovérié de Cabrières constata qu’entre 1901 et 1905, dans son diocèse, 255 communautés religieuses avaient disparu : 16 congrégations masculines furent contraintes de quitter 50 maisons ou écoles, 34 congrégations féminines quittèrent 205 résidences, écoles, asiles, hôpitaux et ouvroir,… Les protestations de l’évêque, largement relayées par la presse nationale, agacèrent le gouvernement qui supprima son traitement à partir de 1902. Il y était habitué et cela ne l’empêcha pas de continuer.

Théodore Mnémosyne

* (Jusqu’en 1934 le président du conseil n’ayant pas de cabinet spécifique, il avait obligatoirement un autre poste ministériel)

Pour compléter :

Les lois anticléricales de 1905 – le contexte historique

Les lois anticléricales de 1905 – l’expulsion des religieux « hors-la-loi »

Les lois anticléricales de 1905 – De nouvelles menaces

Photos : DR

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