Syrie. L’armée syrienne capture Khan Sheykhun

22/08/2019 – 13h15 Syrie (Lengadoc Info) –  point 70 – Ces dix derniers jours ont été décisifs pour l’Armée Arabe Syrienne qui a enchaîné les captures de positions islamistes dont la ville de Khan Sheikhun et ainsi créer la nouvelle poche d’Hama Nord.

Les forces jihadistes encerclées dans la poche d’Hama Nord

L’armée syrienne a donc capitalisé ses avancées du début du mois d’août en effectuant un mouvement englobant qui a surpris les observateurs mais surtout les combattants islamistes défenseurs du dernier saillant présent dans le gouvernorat d’Hama. Les trois villes qui constituaient la pointe du saillant (Kafr-Zita et Al-Lataminah au sud-ouest, Morek au sud-est) sont désormais complètement encerclées. La ville de Khan Sheikhun qui devait constituer le verrou final après abandon des autres positions est tombée en premier et très rapidement. L’armée syrienne s’est occupée de couper les arrières des positions ennemies, rendant ses dernières intenables. Une stratégie redoutablement efficace déjà employée à plusieurs reprises qui économisera de précieuses vies et qui permettra peut-être une issue politique à cette guerre interminable.

Concrètement c’est à partir de la reprise du village de Habit que le mouvement tournant a commencé. Les forces armées syriennes ont progressé de manière à flanquer Khan Sheikhun par l’ouest en capturant les fermes limitrophes. Alors que la ville était à portée de tir, l’axe de progression s’est dirigé vers le nord de façon à atteindre le point de contrôle islamiste de Tal Nimr situé sur l’autoroute M5. Parallèlement, à l’est, un effort était appliqué à partir de la colline de Sukayk en direction du nord-ouest pour fermer la poche. La résistance islamiste au niveau du village d’Al-Tamanah s’est avérée plus forte que prévu et a fait perdre plusieurs jours à l’armée syrienne, empêchant la fermeture hermétique de cette nouvelle poche. Il ressort que de nombreux combattants ont abandonné leurs positions intenables avant d’être pris au piège. Cependant la zone reste vaste et il est certain que des résistances sont à craindre. Les bâtiments doivent également être inspectés en vue de déminage. Il se peut que l’offensive s’arrête donc avec la réduction totale de la poche d’Hama Nord…

La Turquie, soutien des islamistes ?

Le président de la Syrie Bachar el-Assad est catégorique, pour lui « les derniers combats à Idleb ont révélé (…) le soutien clair et illimité d’Ankara aux terroristes ». Une grave accusation mais qui résume assez bien le rôle ambigu joué par la Turquie depuis le début de cette guerre. La Turquie a toujours servi de plaque tournante pour les terroristes de l’Etat Islamique jusqu’à ce qu’elle décide de participer à leur éradication au sein de la Coalition. Depuis elle a été un des partenaires centraux du conflit en soutenant financièrement et logistiquement certaines factions rebelles face au pouvoir de Bachar el-Assad. Son objectif premier est la lutte contre les factions armées kurdes que le président turc Erdogan considère comme étant la continuation du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, mouvement terroriste marxiste-léniniste. Le problème est que la version « relookée » (YPG et YPJ) est soutenue et armée par les États-Unis dans la lutte sur le terrain contre l’Etat Islamique. La Turquie a déjà pénétré en territoire syrien en août 2016 sous prétexte de lutte contre l’Etat Islamique mais surtout pour empêcher les forces kurdes de relier le canton d’Afrin à majorité kurde (Opération Euphrates Shield). Ce canton a été conquis militairement par l’armée turque et ses affidés locaux de l’Armée Syrienne Libre à partir du 20 janvier 2018 (Opération Olive Branch).

Depuis, le président Erdogan n’a de cesse de réclamer qu’un « corridor de paix » soit établi au sud de sa frontière en territoire syrien où la présence kurde est majoritaire. Un corridor d’une profondeur de 30 kilomètres et plus de 400 kilomètres de long. Une option inenvisageable ni par les Kurdes ni par le gouvernement syrien…

Dans les derniers jours de l’offensive ayant conduit à la création de la poche d’Hama Nord, la Turquie a tenté de stopper militairement l’offensive syrienne en envoyant un convoi de 50 véhicules en direction du front de Khan Sheikhun sous un prétexte humanitaire. L’aviation syrienne a stoppé ce convoi transportant plusieurs chars en effectuant des bombardements déclenchant la colère de la Turquie. Des F 16 turcs déployés pour protéger le convoi ont été chassés par 2 SU-35 russes. Une escalade qui ravive les tensions dans un jeu où les acteurs sont nombreux et les objectifs très divers.

Martial Roudier

Photos : DR

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