Montpellier. « Démocratie, histoire d’un malentendu » par Francis Dupuis-Deri

10/02/2015 – 11h30 Montpellier (Lengadoc-info.com) – Ce lundi avait lieu à Montpellier une conférence de Francis Dupuis-Deri, professeur à l’Université du Québec à Montréal dans le cadre de la Semaine de la démocratie organisée, entre autres, par l’association Ouvre-Tête et l’Université de Montpellier. Francis Dupuis-Deri est plutôt franc, il est professeur mais se présente sans complexe comme un militant altermondialiste (comprendre anarchiste).

Mais Francis Dupuis-Deri est également l’auteur du livre « Démocratie. Histoire politique d’un mot aux États-Unis et en France ». Pour l’auteur, «  de nos jours tout le monde est pour la démocratie et l’on nous vante ses « pères fondateurs » aux États-Unis et en France, c’est-à-dire les hommes des révolutions américaines et françaises. Pourtant, ces pères fondateurs utilisaient très peu le mot « démocratie » sauf de manière péjorative, pour décrédibiliser un adversaire ». On se déclarait avant tout républicain, c’est-à-dire d’un modèle aristocratique électif.

Pour ces pères fondateurs, le modèle démocratique était l’agora d’Athènes, un système sans « chef » élu mais avec une assemblée « populaire ». « Un système dangereux pour eux » explique Francis Dupuis-Deri, « si le peuple s’assemble, les élites élues perdent leur place. D’autant plus qu’elles se pensent réellement comme supérieures au peuple qui n’a pas le temps et les capacités de s’occuper de politique. Cette aristocratie élue souffre d’agoraphobie au sens politique du terme ».

C’est vers la fin des années 1820 aux Etats-Unis et 1830 en France, qu’apparaissent les premiers « démocrates » avec par exemple Andrew Jackson. Mais pour Francis Dupuis-Deri, « il s’agit surtout d’une stratégie de marketing de certains politiciens pour se démarquer des autres. Une manière de dire qu’ils défendent le peuple mais en réalité les régimes ne changent pas ». C’est ce que dénonce Auguste Blanqui en 1852 lorsqu’il écrit « tout le monde se dit démocrate, surtout les aristocrates ».

L’auteur conclura sa conférence en présentant quelques exemples de démocratie dans l’Histoire que ce soit chez certaines communautés Amérindiennes, chez certains peuples africains mais également dans l’Europe médiévale et notamment en France entre le Xème et XIIIème siècle où les communautés villageoises se rassemblaient pour gérer les biens communs, le puits, les terres, l’église.

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