Régis Chamagne

L’art de la guerre aérienne selon Régis Chamagne

27/02/2016 – 19h55 Montpellier (Lengadoc Info) – L’association étudiante Université Réelle de Montpellier, qui organise régulièrement des conférences-débats, a invité vendredi 26 février Régis Chamagne. Cet ancien colonel de l’armée de l’air, chevalier de la Légion d’honneur et officier de l’Ordre national du Mérite, est l’auteur d’un ouvrage intitulé « L’Art de la guerre aérienne » publié en 2004. Cet auteur est aussi un militant souverainiste : ancien candidat pour l’UPR (Union Populaire Républicaine de François Asselineau) lors des élections européennes de 2014, il agit maintenant comme conférencier indépendant, notamment via l’Alliance pour une France Libre. L’Union européenne et l’OTAN sont les deux cibles privilégiées de ce stratège militaire qui, après avoir manié des avions de chasse, utilise maintenant les mots comme arme dans son combat anti-mondialiste. 

Devant une trentaine de personnes, Régis Chamagne a décliné son exposé en trois étapes. D’abord, il a rappelé les trois modalités de la guerre en s’appuyant sur les théoriciens les plus connus dans le domaine (le chinois Sun Tzu (VIe siècle av. JC), le suisse de Jomini ou le prussien von Clausewitz (deux officiers du XIXe siècle). Cette partie théorique a bien distingué « le choc », confrontation directe entre deux armées, « le feu » basé sur les attaques à distance et « la manœuvre » visant à profiter des configurations du terrain. Ces trois modalités sont des « invariants de l’art de la guerre depuis le néolithique ». Dans un second temps, Régis Chamagne rappelé le rôle historique de l’aviation relativement aux trois modalités : « arme du feu par excellence […] appui des troupes au sol […] moyen d’éradiquer les contraintes des territoires », l’aviation doit avoir un « commandement unique » pour être pleinement efficace et « atteindre les vulnérabilités stratégiques de l’adversaire » (entrepôts, centres de commandement…). La supériorité de l’aviation suppose en outre une « supériorité dans la guerre de l’information » qui est en fait « une guerre technologique » (observation en temps réel, radars, avions furtifs, satellites, brouilleurs…). En somme les opérations de surface sont couvertes par l’aviation, qui dépend elle même de la suprématie technologique. 

Le 3 septembre 2013 : une date-clé dans l’histoire militaire ? 

En troisième partie, l’intervenant s’est focalisé sur la guerre en Syrie, indiquant qu’un événement majeur s’est déroulé en marge des combats terrestres. Le 3 septembre 2013, selon les médias et iraniens, les Américains auraient tiré à partir de l’Espagne deux missiles à longue portée visant la Syrie de Bachar Al-Assad (aux prises avec l’insurrection du « Printemps arabe »). Mais ces deux projectiles furent détectés et neutralisés par l’armée russe (implantée au large de la Syrie). Cet épisode serait pour Régis Chamagne d’une haute importance stratégique car il entérinerait la supériorité technologique et tactique des Russes sur les Américains. Selon le conférencier, a partir de ce jour, Barack Obama a été convaincu qu’aucune frappe ne pouvait se faire dans la région sans l’aval de Vladimir Poutine. Cette supériorité russe participerait au nouveau cycle géopolitique déjà évoqué lors d’une précédente conférence à Montpellier. 

Des informations à prendre avec une grande précaution toute fois. En effet, ni les États-Unis, ni même la Russie ont confirmé cette version des faits. Moscou a juste fait savoir ce jour là que son armée avait détecté un tir de missile depuis la méditerranée centrale. Tir qui a été confirmé par les États-Unis et qui s’inscrivait, selon Washington, dans le cadre d’un exercice anti-missile avec Israël.

Cette analyse de la Syrie a suscité de nombreuses questions du public, permettant à Régis Chamagne de présenter ses thèses géopolitiques sur « l’avènement d’un monde multipolaire post-impérial ». Selon cette lecture, les Etats-Unis, gigantesque empire financier et militaire, seraient en plein déclin face aux BRICS. L’OTAN et l’Union européenne sont présentées comme des outils de la domination de Washington. Fustigeant Nicolas Sarkozy et François Hollande (les « sous-préfets de l’Amérique »), le conférencier à tenu à souligner l’efficacité de la Russie (technologies militaires, lutte contre Daesh, résistance aux ingérences américaines). Ce discours politique très virulent (présentant la France comme un « vassal de l’Amérique ») a trouvé un écho assez favorable parmi des auditeurs plutôt bienveillants envers l’action de Vladimir Poutine. 

Photos : Lengadoc Info

Lengadoc-info.com, 2016, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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