Clovis
Baptême de Clovis

Clovis et les « racines chrétiennes de la France », un professeur d’histoire répond à Carole Delga

11/12/2016 – 19h10 Béziers (Lengadoc Info) – Le 25 octobre dernier, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga (PS), déclarait au conseil régional que « la France n’avait pas de racines chrétiennes ». Des propos qui avaient déjà été tenus par les socialistes notamment en mai dernier lorsque Pierre Moscovici avait, dans un débat sur BFM TV face à Nicolas Dupont-Aignan, affirmé qu’il ne croyait pas « aux racines chrétiennes de l’Europe ».

Pour répondre aux propos de Carole Delga, Gilles Ardinat, professeur agrégé d’histoire géographie au lycée Jean Moulin de Béziers et conseiller régional FN, a tenu, lors d’une conférence ce vendredi 9 décembre, à remettre les choses à leur place et démontrer que les propos de la présidente de région étaient historiquement erronés à l’instar de ceux tenus en mars 2016 lorsqu’elle avait affirmé que le siècle de Louis XIV était un « siècle qui avait un manque. Un manque crucial. C’est qu’il n’y avait pas les valeurs de la République », un anachronisme très révélateur.

Clovis, l’unité des Francs et des gallo-romains autour de l’Église et de sa couronne

La conférence de Gilles Ardinat a porté essentiellement sur le portrait d’un personnage central de l’Histoire de France, Clovis, roi des Francs et reconnu aujourd’hui comme étant le premier chef d’état de la France. « Lorsque Clovis arrive au pouvoir, la Gaule est déjà en grande partie christianisée alors que les Francs sont toujours attachés au paganisme germanique » explique Gilles Ardinat avant d’ajouter que « Clovis c’est l’homme qui va faire la synthèse entre les apports francs et la civilisation gallo-romaine en fondant un État qui est l’ancêtre de la France actuelle ».

Un État qui pour Gilles Ardinat est lié dès le départ à l’Église. « Déjà lors de la bataille de Soisson, il contient les germes de l’alliance de l’État Franc et de l’Église. L’anecdote du vase de Soisson a été déchristianisée sous la III ème République. En réalité, on sait qu’à l’époque Clovis s’était déjà rapproché de saint Rémy, l’évêque de Reims. Lorsque Clovis intervient au moment du partage du butin, il le fait à la demande de saint Rémy. Pour rendre ce vase liturgique à saint Rémy, il va enfreindre la règle franque du partage égalitaire du butin. Dans le vase de Soisson, il y a déjà le fait que Clovis s’éloigne de sa tradition germanique et païenne pour se rapprocher de l’Église. Et si Clovis n’a pas tué immédiatement le guerrier franc rebelle c’est parce que saint Rémy était présent et que Clovis voulait donner l’image de quelqu’un qui était plutôt dans la tempérance des vertus chrétiennes ».

La bataille de Tolbiac, quand la France devient chrétienne

Si les liens entre Clovis et l’Église étaient déjà importants, c’est lors de la bataille de Tolbiac, en 496, que le basculement se produit. « Selon le récit de Grégoire de Tours, les Alamans étaient en train de gagner cette bataille lorsque Clovis, qui était encore païen, va invoquer le « Dieu de Clotilde », sa femme qui était chrétienne (et qui sera d’ailleurs canonisée). Clovis finit par remporter cette bataille de manière assez inattendue. Beaucoup d’historiens estiment que c’est à ce moment là que Clovis décide de se convertir au christianisme ».

Mais cette conversion relève également d’un calcul politique : « Compte tenu qu’une large majorité de la population gallo-romaine était déjà christianisée, Clovis a sans doute compris que son royaume ne pouvait pas durer si lui même n’adoptait pas la culture majoritaire des gens chez qui il arrivait pourtant en conquérant. Que quelqu’un venant d’une culture étrangère renonce à sa culture pour adopter celle majoritaire dans le pays dans lequel il vit, c’est aujourd’hui politiquement incorrect. On ment aux petits Français en leur disant que la France c’est une sorte de mosaïque multi-culturelle, alors que c’est exactement l’inverse puisqu’au fondement de l’histoire de notre État il y a justement ce processus d’assimilation ».

Clovis pose les fondements de l’identité française

« A la mort de Clovis, il lègue un État qui est la base de la France actuelle, des gallo-romains chrétiens qui vont être rassemblés autour d’une couronne et de l’Église  catholique. A partir de ce moment là, l’identité de la France est posée et ne sera remise en question par personne jusqu’en 1789, et pendant toute cette période l’immigration est quasi-nulle dans l’histoire de France (…). Quand Carole Delga, Moscovici et tant d’autres veulent nier cette histoire là c’est parce qu’ils ont un projet de civilisation de substitution, ils veulent mettre un point final à cette France historique, charnelle, pour rentrer dans un délire idéologique d’une république (ils ont du mal à parler de France) désincarnée qui serait une espèce de catalogue de grands principes. Ils veulent priver la France de son identité pour lui substituer une espèce d’identité républicaine sans contenu. J’ai demandé à madame Delga de définir les valeurs républicaines aux quelles elle fait référence, elle ne m’a jamais répondu ».

Photos : Lengadoc Info

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