« Occitan as drech a la paraula, parla ! » (Tribune libre)

24/02/2020 – 21h15 Montpellier (Lengadoc Info) – Adièu los amics ! Nous avons récemment pu lire le 4 janvier 2021 dans la Dépêche un entretien avec la présidente de l’OPLO (Office public de la langue occitane), Charline Claveau. Cette dernière nous dresse son tableau de la situation de la langue occitane aujourd’hui que ce soit sa place dans la société, linguistique, culturelle, éducative, ainsi que sa place dans l’avenir.

L’Occitan, une langue, un peuple, une Histoire, une culture

Elle a tout d’abord rappelé l’origine ancienne de cette langue dans notre région. Rappelant de ce fait que l’occitan est un agglomérat de langues romane, celtique ainsi que de différents parlers locaux apparus à la chute de l’empire romain. C’est une langue qui s’est particulièrement développée durant le Moyen-Âge central (XIème–XIIIème siècles). Plus qu’un simple patois, l’occitan était à cette époque une langue parlée dans une grande partie du territoire actuel de la France notamment dans l’administration. Ce sont les troubadours avec le « fin’amor » qui ont permis de démocratiser cette langue aux sonorités ensoleillées. Comme le reste des langues régionales, elle subit l’édit de Villers-Cotterêts ainsi que le creuset scolaire de la IIIème République interdisant son emploi. Cette interdiction s’est changée avec le temps en une honte, la fameuse « bergougne », parler patois devient alors dégradant pour l’individu. Ce faisant, la transmission, qui est le principal maillon des langues régionales, s’est brisée en sautant ainsi une génération. Le renouveau linguistique et littéraire occitan ne verra le jour qu’après la Seconde Guerre mondiale sur un fond de mouvement populaire, paysan, désireux de renouer avec leur histoire et leur culture. La redécouverte du prix Nobel de Littérature Frédéric Mistral a aussi joué un grand rôle dans le retour en lice de l’occitan.

Charline Claveau nous évoque ensuite la zone géographique concernée. Une zone assez étendue puisqu’elle s’étire de la côte atlantique française jusqu’au Piémont italien comprenant l’Espagne et une partie de la Catalogne.

Une culture toujours bien visible

Puis dans la suite de l’interview elle s’attaque au vif du sujet, l’occitan est-il en voie de disparition ?
Charline Claveau nous clame haut et fort qu’il n’en est rien. Elle brandit pour cela le chiffre de 500 000 personnes qui étudient et parlent l’occitan aujourd’hui. Ce chiffre est à mettre en comparaison avec les 6 millions d’habitants pour la seule région d’Occitanie nettement moins étendue que la zone occitane dont nous parle la présidente de l’OPLO. Ne représentant que 7 % de la population, la transmission générationnelle ne peut plus s’exercer et ce chiffre est amené à encore diminuer. Les différents arguments qu’évoque Charline Claveau, pouvant représenter un « enrayement » possible de la situation, ne sont qu’anodins. On arrive certes à grappiller un pourcent par-ci par-là mais cela reste superficiel. Charline Claveau nous signale que l’ouverture des « calandretas » et ainsi l’arrivée dans le milieu scolaire de l’occitan, lui ont permis d’une manière symbolique, de retrouver un peu de sa grandeur d’antan. Ainsi, grâce à cette scolarisation immersive, la transmission familiale aurait augmenté de 9 %. Malgré tout, un remplacement de la « génération sacrifiée », ayant arrêté de parler l’occitan et qui n’ont donc pas pu la transmettre à la suivante semble hors de portée.

Un constat amer aujourd’hui

Le réseau associatif occitan ainsi que les cours pour adultes et autres outils d’accompagnement ne sont que peu efficaces. Il est nécessaire, pour que l’occitan retrouve ses lettres de noblesse, de mettre en place une véritable politique linguistique que ce soit dans l’administration, dans les écoles publiques, dans le quotidien (cafés, restaurants, commerces…). Le cas de la reconquête linguistique en Catalogne, est un exemple de la réussite d’une telle politique. Malheureusement, cette mission, les différentes associations culturelles pourtant largement subventionnées, semblent incapables de la remplir. L’apprentissage d’une langue se doit d’être neutre de toute influence politique au profit du bien-être et de l’enracinement que procure son apprentissage pour les enfants de cette terre. Les diverses visées politiques que cherchent à atteindre ces associations en plaçant les langues régionales comme facteurs d’ouverture vers le monde ne peuvent que la détourner de sa tâche originelle : celle d’apprendre et de transmettre l’occitan aux Occitans, purement et simplement.

Charline Claveau nous dépeint un prisme selon lequel l’Etat, par le biais de ses réformes, empêcherait l’occitan de se développer par peur d’une division de la République. Nous ne sommes plus au XIXème siècle !

Si l’Etat empêche d’une certaine manière les initiatives occitanes d’émerger plus amplement c’est principalement du fait de l’émigration étrangère qui favorise nettement le français à l’occitan par facilité administrative. La présidente de l’OPLO parle d’un combat idéologique entre les « occitanistes » et l’Etat, ce n’en est aucunement le cas. Il n’y a pas de combat idéologique entre l’Etat et ces associations, il n’y a même pas de combat du tout et c’est bien le problème… 

Attention, il ne s’agit pas ici de discréditer l’initiative courageuse de Charline Claveau et de ses collaborateurs. Il est simplement de bon sens de soulever que leur point de vue sur la situation est, tout bonnement, complètement coupé de la réalité.

Le problème est bien plus idéologique que statistique. Par qui et dans quel but est enseigné l’occitan aujourd’hui ? Par des paysans du pays réel ? Pour ré-enraciner l’occitan perdu dans ce capitalisme effréné et l’indifférence de l’individualisme ? Et bien, non.

C’est constamment le même entre-soi qui régit le milieu occitaniste depuis les années 60. Comme nous le dit si bien Charline Claveau dans son interview : « Une langue s’accompagne toujours d’une culture ». L’occitan a donc une culture non pas à offrir à n’importe qui au nom de l’ouverture des esprits, mais une culture qu’il est nécessaire aux Occitans de redécouvrir et de se ré-approprier. L’occitan n’est plus et ne doit plus être considéré comme un frein à l’insertion et la progression sociale. Au contraire cet « enrasigament » doit être considéré comme un facteur d’épanouissement collectif et de défense du territoire.

Jean LAVAL

Sur le même thème voir notre article sur le reportage « Occitan : Gardarem la lenga » de Marc Khanne

Photos : Lengadoc Info

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